Poterie de Gatagara V_old

Grâce à la modernisation de leurs techniques ancestrales, des potiers Twas marginalisés parviennent à s’intégrer au sein de la société

Traditionnellement, les Twas étaient des chasseurs nomades. La sédentarisation du pays les a forcés à changer d’occupation, ils sont devenus potiers. Pour se faire une idée de la situation des Twas du Rwanda, on peut les comparer aux parias d’Inde ou aux Romanichels d’Europe.

La poterie de Gatagara est mise sur pied en 1977, grâce à Charles Bottin, un potier belge qui accompagnera le projet durant de nombreuses années. Les matériaux des environs sont utilisés au maximum. Les argiles sont extraites des marais voisins. Des collines proches sortent sable, chaux, talc, feldspath, kaolin, cendres d’herbes et de bois, hématite. Des terres de forêts vierges contenant en impuretés cobalt et chrome servent encore à composer les émaux. Les matériaux réfractaires, briques, ciments, plaques et cassettes sont fabriqués dans l’atelier et permettent la construction des fours et leur entretien. Le bois est l’unique combustible des fours. Au bout de deux ans, l’atelier produit du grès.

L’atelier est riche de la rencontre des cultures africaine et européenne. Les Twas sont des artistes inspirés et s’initient rapidement aux nouvelles techniques. Plusieurs artistes s’épanouissent et développent un travail de qualité au travers duquel ils commencent à être reconnus socialement. Leur production obtient un très bon accueil et s’écoule sur place, à Kigali dans des magasins et lors d’expositions. Pratiquement tous les potiers de Gatagara sont morts durant le génocide. Après la guerre, l’atelier a repris ses activités, et aujourd’hui, 20 potiers sont au travail.

 

Perspectives :

Avec, entre autres, le support de ADA, la poterie a pu redémarrer et se créer de nouvelles possibilités. Avec le plus grand respect possible pour l’environnement, Gatagara développe de nouvelles productions artisanales, y appliquant des techniques de décoration plus variées, des formes modernes et un concept de “pièces uniques”.

 

Objectifs:

  • Amélioration de la production, des cuissons et de la qualité des pièces;
  • Formation du personnel en gestion comptable et administrative;
  • Développement d’une stratégie de marketing et de communication;
  • Mise en place d’un réseau de commercialisation;
  • Création d’un fonds de réserve pour de futurs investissements.

 

Fiche signalétique 

Potiers Twas

0,28% de la population rwandaise (environ 35.000 personnes).

Education

  • 1% n’ont aucune instruction ;
  • 48% ont suivi l’enseignement primaire;
  • 1% ont suivi des études secondaires;
  • Pratiquement aucun n’est diplômé de l’enseignement supérieur.
 

Santé

  • 30% ont une mutuelle de santé ;
  • 35% n’ont pas de latrines.
 

Habitation

  • 60% ne satisfont pas aux besoins de survie primaires.
 

Accès à la terre

  • 43% sont sans terre agricole (taux 4 fois supérieur à la moyenne nationale);
  • 78% des ménages potiers sont locataires des champs qu’ils cultivent.
 

Emploi

  • 30% sont sans emploi ou sont journaliers;
  • 95% des potiers produisent de la poterie en argile vendue à un prix inférieur au coût de production;
  • 1% travaillent comme agriculteurs indépendants (moyenne nationale: 81%).
 

Sécurité alimentaire

  • 60% mangent à peine une fois par jour.