AMIS DE ATD : REFUSER LA MISERE

“Ce n’est pas tellement de nourriture, de vêtements qu’avaient besoin tous ces gens, mais de dignité, de ne plus dépendre du bon vouloir des autres.”

Joseph Wresinski, fondateur de l’association « Aide à Toute Détresse » (ATD).

Deux groupes d’Amis d’ATD Quart Monde ont vu le jour dans la région du sud du Rwanda. Le premier, né en 1991 à Cyanika (district de Nyamagabe), regroupe 176 ménages. Dans cette zone, la population est composée à 45% de personnes vulnérables (veufs, indigents, sans-abri, orphelins du génocide). En 2003, un second groupe de 120 familles se crée dans le district de Kiruhura (secteur de Rusatira). L’objectif principal des Amis d’ATD n’est pas de récolter ou de distribuer de l’argent, mais d’unir leurs efforts dans le but de trouver des solutions à leur situation.
Auto-Développement Afrique (ADA), en partenariat avec son partenaire rwandais, APROJUMAP, leur assure un encadrement social et intervient financièrement pour renforcer leurs efforts individuels et collectifs, grâce, entre autres, à un système de crédit de semences et de petit bétail (surtout des chèvres), à la distribution de houes ou à l’octroi de bourses d’enseignement secondaire.  Au sein de chaque groupe, deux mères de famille ont été formées au travail d’assistante sociale. Elles rencontrent les personnes en difficulté, les soutiennent dans diverses démarches, encouragent les familles à travailler ensemble, à se soutenir et surtout à sortir de situations d’isolement aux causes multiples : éloignement issu d’habitats dispersés ; exclusion imputable à la honte de se sentir inférieur, inutile ou incapable ou claustration due à la méfiance dans un pays marqué par le génocide de 1994. Chaque mois, les deux groupes d’Amis se réunissent. Chaque membre apporte une cotisation minime pour la caisse de solidarité qui permet de prendre en charge des besoins urgents. Ils décident ensemble qui doit bénéficier d’un chantier de solidarité ; souvent, il s’agit de construire ou de réparer une maison (cf. photo) ou une étable, de cultiver la parcelle d’une famille hospitalisée,… Ces chantiers contribuent également à l’effort de réconciliation au sein de la communauté. Une amie d’ATD avouait : « La sueur que je mets dans le champ de mon voisin vaut plus que toutes les paroles (de repentir) que je pourrais lui dire ».