LUTTE CONTRE LA MALARIA

Projet de recherche sur le traitement et la prévention du paludisme à l’aide des plantes médicinales Artemisia afra.

ADA veut contribuer à la lutte contre le paludisme au Rwanda, à l’aide de ressources naturelles. Le projet, financé par le VLIR (Vlaamse Interuniversitaire Raad), a pour objectif de permettre aux populations rurales les plus pauvres de se soigner de manière simple. Il est conduit en synergie et en complémentarité avec différents acteurs de la coopération non gouvernementale belge.

Au Rwanda, le paludisme reste un problème de santé publique, le nombre de cas ayant quadruplé en 2016 et 2017. En effet, il n’existe pas encore de vaccin, les parasites responsables de cette maladie infectieuse développent des résistances aux antipaludiques et les moustiques, vecteurs de la maladie, sont de plus en plus résistants aux insecticides.

Facteur aggravant : la maladie touche de façon disproportionnée les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes.

Le pays des Mille collines est également celui des Mille vallées et des zones marécageuses. Or, pour la malaria, aussi appelée « fièvre des marais », les eaux stagnantes des bas-fonds aménagés en zones agricoles, sont de véritables pouponnières pour les moustiques anophèles qui transmettent la maladie.

Prévenir ou guérir ?

Il faut savoir que l’une des principales faiblesses des stratégies actuelles de lutte contre le paludisme est qu’elles ne ciblent pas les porteurs asymptomatiques du parasite, c’est à dire les personnes porteuses de la maladie mais qui n’en développent pas les symptômes. Or, il est prouvé que les moustiques qui piquent les porteurs sains transmettent la maladie. Il est donc essentiel de « vider » ces réservoirs humains de la malaria en soignant aussi les porteurs sains de la maladie.

Au Rwanda, il a été observé que la transmission de la maladie est saisonnière. Donc, si on parvient à traiter les patients asymptomatiques, il y aurait de bonnes chances d’interrompre la transmission de la maladie et de voir celle-ci perdre du terrain et peut-être même, disparaître.

Malheureusement, les traitements médicamenteux sont financièrement inabordables pour la plupart des Rwandais qui ne les utilisent, au mieux, que pour traiter les symptômes de la malaria une fois qu’une crise se déclare. De plus, la plupart des gens n’acceptent pas de prendre des médicaments lorsqu’ils ne se sentent pas malades. C’est là que l’utilisation de plantes médicinales pourrait représenter une alternative efficace puisque que des études récentes semblent démontrer l’action curative, mais aussi préventive des infusions de thé à base d’Artemisa afra.

Cette plante fait partie de la flore sauvage africaine, les populations rurales pourraient donc, par un simple apprentissage de sa culture et de son utilisation, résoudre leurs problèmes de paludisme, en toute autonomie et pour un coût dérisoire.

Une plante controversée

Le projet est né de la volonté d’un consortium belgo-rwandais (composé d’universitaires, de cliniciens et de membres d’ONG) de démontrer l’efficacité clinique de cette plante.(1)

En effet, il existe actuellement une controverse concernant l’utilisation d’Artemisia afra pour guérir et prévenir le paludisme. Les promoteurs du projet sont curieux de savoir si le contrôle et l’élimination de la maladie grâce à l’utilisation de thé d’Artemisia peuvent être corroborés par des preuves scientifiques solides.

La première étape de l’étude clinique consistera à prélever et analyser des échantillons d’Artemisia afra provenant de différentes régions du pays. Sur cette base, une formule médicamenteuse optimale sera standardisée et testée, sous forme d’infusions administrées à des porteurs symptomatiques et asymptomatiques de la maladie.

Si l’ensemble des essais cliniques réalisés confirme que le thé produit constitue une solution efficace, et qu’il peut être utilisé pour traiter ou prévenir la maladie, le projet entrera dans sa phase pratique. Il sera mis en œuvre à Huye et à Nyamagabe (Province du Sud du Rwanda), deux districts où la maladie est très présente (comme le démontre la carte ci-contre).

Les équipes locales des ONG belges partenaires (ADA et VSF) seront formées à la culture de l’Artemisia afra, à sa transformation en infusions et à l’administration de celles-ci. Grâce à leur excellente connaissance des communautés locales de leurs zones d’intervention respectives, les ONG pourront transmettre les différentes formations reçues et sensibiliser la population à produire et consommer régulièrement le thé d’Artémisia.

Ces populations n’étant pas habituées à se soigner préventivement, une éducation à la santé, des activités de sensibilisation et un accompagnement psychosocial des bénéficiaires seront indispensables si l’on veut obtenir l’adhésion de la population ciblée par l’étude. Les assistantes sociales de notre partenaire local, l’APROJUMAP, joueront un rôle clé à cet égard.

Il est également prévu de lutter contre la prolifération des moustiques grâce à l’introduction de poissons et de grenouilles larvivores dans les marais, combinée à la plantation de plantes répulsives autour de chaque habitation. Ces activités pourraient représenter une alternative intéressante à l’utilisation d’insecticides.

Les cas de paludisme dans les sites d’étude seront ensuite comparés à d’autres régions, où la culture d’Artémisia n’est pas présente.

Le projet a donc pour objectif de fournir des preuves claires que l’utilisation du thé d’Artemisia permettrait aux populations rwandaises de gagner leur autonomie en matière de contrôle, d’élimination et, finalement, d’éradication du paludisme.

(1) Les promoteurs du projet sont les Dr Kristiaan Demeyer (Professeur à la Faculté de médecine et de pharmacie de la VUB), le Dr Jacob Souopgui (Professeur en embryologie moléculaire à l’ULB) et le Dr Raymond Muganga (Professeur à l’Université de Huye au Rwanda).